mardi 5 juin 2012

LITHIUM: LA RUEE VERS L'OR BLANC.
Par Roger KONATE.
Le 14 juin 1985 Mr André Lajoinie Député de l’Assemblée Nationale, interpelle lors d’une séance de question au gouvernement, Mr Edgard Pisani, ministre chargé de la Nouvelle-Calédonie sur l’intérêt de réaliser une filière aluminium-lithium, tant les enjeux stratégiques et autant qu’économiques permettraient à l’industrie de l’aérospatiale Française de rester concurrentielle au plan international. La mise au point de ce nouvel alliage aluminium-lithium prévoyait de mettre en service une fonderie à Issoire dans le Puy-de-Dôme. Quant à l’approvisionnement en lithium, celui-ci poursuivait Mr André Lajoinie, pourrait- être fournit par le gisement polymétallique d’Echassières dans l’Allier, un des quatre plus important du monde et le seul en Europe. Ce gisement, et toutes les recherches menées à cette époque ont montré qu'il disposait d'une des plus importantes réserves en lithium, tantale, niobium, tungstène, et autres métaux rares utilisés dans l’aéronautique, l’industrie spatiale, le nucléaire, la micro-électronique et la conservation de l’énergie électrique ( les futurs batteries automobile au lithium-ion).
Aujourd’hui, et presque trente ans après  les perspectives d'avenir de ce précieux minerai, voit Issoire dans le Puy-de-Dôme  réaliser la construction de la future fonderie Airware  d’Alcan Global ATI (aluminium-lithium) dont la production démarrera au premier semestre 2012. Si on ne peut que se réjouir de l’implantation locale d’une entreprise de dimension internationale en termes de créations d’emplois, nous le serions plus encore si une volonté politique dynamique  de ré industrialisation française, s’étendait à toute la région grâce à son riche gisement de lithium, nouvel or blanc pour la fabrication des batteries d'automobiles électriques. La question que je me pose est la suivante : D’où viendra le lithium pour la réalisation en fonderie des lingots aluminium-lithium ? Peu convoité jusqu’à présent, le lithium suit aujourd’hui une accélération exponentielle de sa demande. En effet, les nouvelles technologies tels que la téléphonie mobile, les ordinateurs ou la voiture électrique qui à ne pas en douter est bel et bien l’avenir de l’automobile ont besoin de batteries au lithium pour stocker l’énergie électrique de ce précieux métal. La consommation totale de lithium a progressé en moyenne de 5,5% par an, entre 2000 et 2010, celle dédiée aux batteries a augmenté de près de 20% sur la même période. Des substituts existent, mais ceux-ci n’ont pas les mêmes propriétés physiques que le lithium et n’ont donc pas les faveurs des constructeurs. Le prix du carbonate de lithium, proche de 4 300 dollars (3 287 euros) la tonne métrique en 2011, est donc appelé à poursuivre sa hausse dans le long-terme. Compte-tenu de la très forte localisation de la production mondiale, cette pression sur les prix pourrait être accentuée par des velléités de cartelisation de la production, entre l’Argentine, la Bolivie et le Chili qui contrôlent, à eux seuls, près de 85% de la production. Pour rappel Il en valait 350$ environ la tonne en 2003.
Si le pétrole est notre or noir, il est certain qu’aujourd’hui la course au lithium est lancée, avec une montée en puissance où va se dessiner une forte concurrence.  l’Australie, le Brésil, le Chili sont les principaux producteurs de lithium. Le nouvel Eldorado, qui détient les plus grandes ressources  de cette richesse minéral,  est la Bolivie. Plusieurs groupes étrangers, dont les français Eramet et Bolloré sont déjà de la partie sur les terres boliviennes, mais aussi le sud-coréen LG, le japonais Mitsubishi et Sumitiomo, sont intéressés par l’exploitation du gigantesque gisement d’Uyuni dans le sud-ouest bolivien, qui rassemblerait, ce qui n'est pas tout à fait confirmé, un tiers du lithium mondial. Récemment encore, des  géologues américains ont découvert dans le sous-sol afghan de gigantesques réserves de minerais, dont ils ont évalué la valeur à mille milliards de dollars. Des responsables de l'administration américaine cités par le New York Times, ont annonçaient que ces gisements, répartis dans tout le pays, seraient suffisants pour en faire un des premiers exportateurs mondiaux de minerais. Une note du Pentagone est venue conforter cette découverte évoquant même une "Arabie saoudite du lithium." Par comparaison, de ses seules réserves de lithium, placeraient l'Afghanistan au niveau de la Bolivie, pour l'instant détentrice de premières en réserves mondiales. Il est à  noter, de ne point douter un seul instant que les grandes puissances économiques à l'instar de la Chine ne resteront pas les bras croisés à regarder passer le train  leur permettant de disposer d'une bonne longueur d'avance sur leurs principaux concurrents en matière d'extraction du précieux minerai. Deux entreprises chinoises se sont déjà engagées à investir quatre milliards de dollars dans la mine de cuivre d'Aynak, au sud de Kaboul, soit le plus important investissement étranger civil à ce jour dans ce pays.  Aujourd’hui une nouvelle ère de concurrence qui remplacera la guerre du pétrole ? Si tel est le cas, alors la France et sa mine de lithium à Echassières (Allier), une des quatre plus grande du monde et la seule en Europe, pourra rivaliser avec les plus grands, et devenir avec une réouverture de ses mines, le fer de lance européen incontournable du constructeur de voitures électriques en Europe, et du reste d'une partie du monde.
Roger KONATE